De Mains De Maîtres - Biennale 2021 Catalogue de l'exposition

BIENNALE DES METIERS D’ART NOVEMBRE 20 - 28 2021

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Préfaces : S.A.R. la Grande-Duchesse Héritière de Luxembourg Sam TANSON, Ministre de la Culture Lex DELLES, Ministre des Classes moyennes Lydie Polfer, Bourgmestre de la Ville de Luxembourg Roland Kuhn, Président de l’association De Mains De Maîtres Luxembourg Françoise Thoma, Directeur général, Président du Comité de direction de Spuerkeess éloge de la Main… et des Lendemains Jean-Marc Dimanche, Commissaire général Les artistes Luxembourgeois L'Art du Bijou Les artistes Belges Les artistes Allemands Les artistes Français Les écoles Européennes Le parcours Annuaire des Artistes Le Jury The Leir Charitable Foundation Les Remerciements page 7 page 9 page 11 page 13 page 15 page 17 page 20 page 154 page 156 page 184 page 202 page 226 page 236 page 242 page 250 page 252 page 259 DE MAINS DE MAÎTRES | 5

S.A.R. la Grande-Duchesse Héritière Photo : ©Cour grand-ducale/Sophie Margue/Tous droits réservés 6 | DE MAINS DE MAÎTRES

Voici que s’ouvre la troisième édition de la biennale « De Mains de Maîtres » au Luxembourg, un projet qui me tient particulièrement à cœur. Née en 2016, suivie d’une deuxième édition en 2018, la biennale s’inscrit lentement mais sûrement dans la durée et c’était là le vrai défi. J’en suis d’autant plus ravie que c’est une reconnaissance du formidable travail qu’accomplissent les talentueux artisans luxembourgeois. Ces métiers d’art, parfois méconnus ou oubliés, ne sont pas les plus visibles pour les jeunes qui s’engagent dans un apprentissage; ce ne sont pas les plus faciles à maitriser non plus. Pourtant, leurs travaux, leurs œuvres nous entourent, nous éblouissent alors même que bon nombre de disciplines artisanales se font rare, faute de relève. Ces métiers nobles sont tous profondément enracinés dans notre société. Ils perpétuent des traditions parfois séculaires et restaurent l’éclat des vestiges du passé tout en se trouvant en perpétuelle évolution pour innover, façonner et transformer les matières. Les artisans d’art représentent notre société dans sa diversité du 21e siècle tout en s’inscrivant dans une continuité historique. Après les mois difficiles sous le couperet de la pandémie et des pénuries de matériaux, je souhaite que nos créateurs d’art retrouvent un peu de stabilité qui permettra à nouveau à leur talent de briller. Ce serait probablement la plus belle des victoires à mes yeux si nos expositions suscitaient des vocations chez les jeunes. Stéphanie Grande-Duchesse Héritière de Luxembourg Déi drëtt Editioun vun der Biennale "De Mains de Maîtres" zu Lëtzebuerg geet elo op. E Projet deen, wéi Dir wësst, mir ganz besonnesch um Häerz läit. D’Biennale, déi 2016 an d’Liewe geruff ginn ass, an 2018 fir d’zweete Kéier organiséiert gi war, etabléiert sech lues awer sécher, an dat war déi gréissten Erausfuerderung. Dëse Succès freet mech ëmsou méi well dat eng Unerkennung fir déi formidabel Aarbecht vun talentéierte lëtzebuergeschen Handwierker ass. Déi dacks vergiessen an deelweis onbekannte Konschtberuffer si jonke Mënschen, déi eng Ausbildung ufänken, net onbedéngt geleefeg, an et sinn och net ëmmer déi einfachst Beruffer fir ze meeschteren. Dobäi si mir all Dag vun dësen Aarbechten a Konschtwierker ëmginn, a si beandrocken eis ëmmer erëm, obschonn vill handwierklech Beräicher opgrond vu Manktem un Nowuess ëmmer méi seele ginn. Dës nobel Beruffer sinn déif an eiser Gesellschaft verwuerzelt. Si féieren deels joerhonnertenal Traditioune virun déi, zu engem, de Glanz vun der Vergaangenheet erëmspigelen an, zu anerem, sech stänneg weiderentwéckelen andeems se innovéieren, d‘Material erneieren, nei formen a veränneren. D’Konschthandwierker vertrieden d’Villfalt vun eiser Gesellschaft vum 21. Joerhonnert a verschreiwe sech gläichzäiteg der historescher Kontinuitéit. No de schwéiere Méint vun der Pandemie an der Materialknappheet, hoffen a wënschen ech datt eis Konschtschafend elo nees eng gewësse Stabilitéit fannen déi hinnen et méiglech mécht nees mat hirem Talent ze glänzen. Et wier a mengen Aen dee gréisste Succès, wann eis Ausstellunge jonk Mënschen inspiréiere géifen. DE MAINS DE MAÎTRES | 7

Photo : ©SIP/Y. Korthum Sam Tanson Ministre de la Culture 8 | DE MAINS DE MAÎTRES

Comme beaucoup d’autres, la Biennale De Mains de Maîtres n’aura pas été épargnée par l’année 2020 et a, elle aussi, été victime des reports liés à la pandémie. Cette dernière nous a obligés de trouver d’autres moyens de communication et d’expression afin de maintenir le lien avec le public. L’association De Mains de Maîtres a su organiser une exposition pop-up dans le respect des mesures sanitaires et ainsi maintenir sa mission de promotion et de préservation de la tradition de l’artisanat d’art luxembourgeois auprès du grand public au Luxembourg et à l’étranger. Je me réjouis que cette année, la biennale retournera dans son environnement habituel, au 19 Liberté. Ce lieu, symbolique de part de sa riche histoire, reflète d’une certaine manière la longue tradition de l’artisanat d’art, qui se transmet de génération en génération et fait partie intégrante du patrimoine culturel luxembourgeois. Cette troisième édition a pour thème « Viv(r)e la matière » ; il s’agit d’une invitation à la découverte des différentes matières utilisées par les artisans et permet un retour vers le tangible, l’analogue, l’immédiat, grâce aux matériaux bruts ou transformés sous toutes leurs formes. Cette exposition est simultanément une sorte de retour vers le monde d’avant la pandémie et une main tendue vers l’avenir, vers les générations futures qui puiseront peut-être dans les œuvres des artisans l’inspiration nécessaire pour s’engager à leur tour dans cette voie. Cette édition voit par ailleurs la participation de quatre prestigieuses écoles européennes, qui se vouent à la préservation du savoir-faire et à sa transmission aux artisans de demain. Elle s’étend également vers les musées, ateliers et galeries de la Ville de Luxembourg, créant des synergies entre les différents acteurs culturels. En espérant que cette nouvelle édition de l’exposition sera couronnée de succès, je vous souhaite à toutes et tous beaucoup de joie à la découverte des artisans et de leurs œuvres. Sam Tanson Ministre de la Culture DE MAINS DE MAÎTRES | 9

Photo : ©SIP/Y. Korthum Lex Delles Ministre des Classes moyennes 10 | DE MAINS DE MAÎTRES

L'artisanat a toujours joué un rôle clé dans l’histoire de l’humanité. Les professions les plus créatives et les plus innovantes proviennent de ce secteur, qui est un moteur essentiel du progrès économique. L’artisanat se distingue aujourd’hui par sa dynamique au niveau de l’activité et de l’emploi. Il est le premier employeur du Luxembourg avec environ 100.000 travailleurs et à peu près 8.000 entreprises. Cependant, l'artisanat ne joue pas seulement un rôle important sur le plan économique, mais excelle également dans le domaine de l'art. L’artisanat d’art relie les caractéristiques de l’art et de l’artisanat de sorte que les artisans du secteur des métiers d’art et de la création se distinguent par leur esprit d’innovation, leur créativité, leur audace et leur savoir-faire technique exceptionnel. LL.AA.RR. le Prince Guillaume et la Princesse Stéphanie promeuvent ces artisans et créateurs d’art de manière remarquable en instaurant la biennale luxembourgeoise « De Mains de Maîtres », qui offre une large représentation de ce que constituent les métiers d’art aujourd’hui. Cette biennale valorise le large réservoir de talentueux artisans et créateurs luxembourgeois. Je tiens à féliciter « De Mains de Maîtres » pour la mise en lumière du savoir-faire artisanal. J’ai hâte de découvrir les nouvelles créations du secteur des métiers d’art dans le cadre la troisième édition de la biennale « De Mains de Maîtres », qui se déroulera sous le thème « Viv(r)e la matière ». Il ne fait aucun doute que les artisans surprendront à nouveau avec des créations autant étonnantes qu’ingénieuses et de haute qualité. Lex Delles Ministre des Classes moyennes DE MAINS DE MAÎTRES | 11

Photo : ©Maison Moderne Lydie Polfer Bourgmestre de la Ville de Luxembourg 12 | DE MAINS DE MAÎTRES

« Viv(r)e la matière », tel est le leitmotiv de la 3e édition de la biennale « De Mains de Maîtres ». Aux mains de presque 70 artisans d’art, tous débordant de créativité, de talent et de savoir-faire, les différentes matières - du verre au métal, du tissu au béton, en passant par le bois et le papier - sont transformées en autant d’œuvres d’art qui rehaussent les espaces qu’ils investissent. Depuis 2016 la Ville de Luxembourg est fière de soutenir de « De Mains de Maîtres » car cette exposition est non seulement un événement culturel de premier ordre mais elle donne de la visibilité à l’artisanat d’art et à la créativité qui le caractérise, tout en mettant en valeur le patrimoine de notre pays et de la Grande Région. Le succès que connaît la biennale est de bonne augure pour le futur développement du secteur et je suis convaincue que « De Mains de Maîtres » vient utilement rejoindre les efforts concédés par les pouvoirs publics pour promouvoir l’artisanat et l’artisanat d’art, surtout auprès des jeunes générations. Cette année le Lycée des Arts et Métiers a célébré son 125e anniversaire et dans ce contexte l’école a choisi de regarder vers l’avant et de sortir de ses murs pour donner plus de visibilité à ses élèves et pour souligner l’importance du savoir-faire, de la créativité et de l’excellence qu’elle enseigne. En 125 ans, grâce au progrès technologique et à la digitalisation, l’artisanat s’est beaucoup diversifié, mais les maîtres mots des artisans et créateurs d’art restent les mêmes : une créativité et un savoir-faire uniques, illustrés à merveille lors de la 3e édition de « De Mains de Maîtres » que la Ville se fait un honneur de soutenir. Parallèlement au 125e anniversaire du LAM et à la 3e édition de « De Mains de Maîtres », le magazine Ons Stad a dédié un numéro entier à l’artisanat et on se rend compte, en feuilletant le magazine, de la diversité et du grand impact que l’artisanat a eu sur l’histoire de la Ville et continue d’avoir sur son développement et je suis persuadée que des événements tels que la biennale « De Mains de Maîtres » contribuent de façon admirable à son épanouissement. Au nom de la Ville de Luxembourg je tiens à féliciter les créatrices et créateurs sélectionnés et je souhaite au public beaucoup de plaisir et de surprises en découvrant des objets et des œuvres d’art exceptionnels, que ce soit au 19Liberté, l’un des bâtiments les plus emblématiques de la Ville, ou dans un des nombreux autres lieux qui servent d’écrin à ces œuvres réalisées de main de maître. Lydie Polfer Bourgmestre de la Ville de Luxembourg DE MAINS DE MAÎTRES | 13

Photo : ©chambre des Métiers Roland Kuhn Président de l’association De Mains De Maîtres Luxembourg Photo : ©Flavie Hengen - Spuerkeess Françoise Thoma Directeur général, Président du Comité de direction Spuerkeess 14 | DE MAINS DE MAÎTRES

Après une année 2020 entravée et remplie de défis pour le monde de la culture et de l’artisanat d’art en particulier, l’association De Mains De Maîtres Luxembourg se réjouit de pouvoir présenter la nouvelle édition de la Biennale Internationale des Métiers d’Art, prévue à l’origine en novembre 2020, du 20 au 28 novembre 2021. 2020 n’a pas été une année blanche pour autant. Imagination et résilience ont permis de réaliser des projets malgré les restrictions en vigueur. La Biennale a dû être reportée mais, poursuivant sa politique de promotion et de valorisation des métiers d’art, l’association a mis en place un événement spécial « covid & création », une galerie éphémère, installée dans l’ancien « Monopol » dans la Grand-Rue de la ville de Luxembourg. Cette exposition, organisée sous l’égide du couple héritier et avec le soutien de la Chambre des Métiers et de la Banque et caisse d’épargne de l’Etat, a présenté quelques 150 œuvres d’une quarantaine d’artisans d’art du Grand-Duché, réalisées pour la plupart durant cette période particulière. Etabli durant cinq fins de semaine, juste avant les fêtes de Noël, ce « pop-up » a rencontré un grand succès (+ de 9000 visiteurs) et a permis de ne pas couper le lien entre créateurs et amateurs d’art. Dans ce cadre de crise sanitaire qui a touché toutes les professions, De Mains De Maîtres a également tenu à accompagner les artisans en lançant un appel à candidature pour attribuer des aides exceptionnelles à la création. Ces dotations visaient à soutenir des artisans d’art talentueux résidant au Luxembourg, en leur attribuant un montant destiné à les aider dans leurs créations, qu’il s’agisse d'achat de matériel, d’outils, aménagement d’atelier, matériaux, ou prestations extérieures … tout moyen contribuant à faciliter la production et/ou l’exposition de leurs œuvres. Neufs créateurs, sélectionnés par un jury, ont bénéficié de cette bourse mise en place tout spécialement. Un projet de boutique en ligne est également en élaboration afin de mettre une plateforme à leur disposition. Plus que jamais, De Mains De Maîtres a eu à cœur de se tenir aux côtés des artisans d’art pendant cette trop longue parenthèse, en poursuivant sa politique de soutien et de promotion auprès des publics afin que les hommes et les femmes de talents, qui participent chaque jour à enrichir notre patrimoine culturel, puissent continuer à nous émerveiller. « Viv(r)e la matière » est le thème choisi pour l’édition 2021, célébration de la vie et de la substance même qui nourrit chaque création. Des matériaux aussi divers que le bois, le métal, le plastique, le textile, la céramique, la paille, l’or, le verre etc. ont pris forme sous les doigts experts de nos créateurs et artisans pour devenir objets d’art et de curiosité. Ainsi aurezvous l’occasion de découvrir une sélection de plus de 300 œuvres réalisées par 67 artisans du Luxembourg, dialoguant au carrefour de l’Europe avec des invités prestigieux, artistes venant de Belgique, pays à l’honneur cette année, d’Allemagne, ou encore de France. Quatre grandes écoles d’art internationales présenteront également les travaux de leurs étudiants, afin d’offrir un regard nouveau sur la création et l’artisanat d’art qui loin d’abandonner la tradition se projette déjà sur le futur et les nouveaux métiers de la création. Parce que le talent doit se transmettre, et le geste ne cesser de se cultiver au cœur des générations à venir ! Spuerkeess est heureuse d’accueillir dans cet écrin véritablement sur mesure que constitue le 19 Liberté, la 3ème édition de cette Biennale qui aujourd’hui devient un rendez-vous de référence et un événement majeur pour tous les artisans d’art, et d’être ce formidable point de rendez-vous d’une manifestation qui pendant une semaine envahit toute la ville de Luxembourg. Alors, en cette fin d’année 2021, après tant de doutes et d’incertitudes, souhaitons tous ensemble que De Mains De Maitres soit le début d’une nouvelle ère de création, et soyons fiers de célébrer les talents des créateurs artisans d’art qu’ils soient luxembourgeois, européens ou d’ailleurs… parce que bien au-delà des frontières l’art est là avant tout pour nous réunir et nous enchanter. Roland Kuhn Président de l’association De Mains De Maîtres Luxembourg Françoise Thoma Directeur général Président du Comité de direction Spuerkeess DE MAINS DE MAÎTRES | 15

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ELOGE DE LA MAIN… ET DES LENDEMAINS Si longtemps à vivre sans mains ! Sans mains à toucher. À serrer. À caresser. À sentir dans le cou ou rassurantes sur une épaule. Le temps d’une pandémie est passé par là qui nous a dispersé, éloigné, empêché… Plus de mains pour tenir, soutenir, apaiser, relever, guider. Plus de mains non plus pour dessiner, travailler, façonner. Les mains nous ont manqué comme jamais auparavant durant cette crise sanitaire, économique et bien plus profondément sociale. Cruellement, et à tous les niveaux, puisque le Monde s’est arrêté et, avec lui, les hommes, leur esprit et leurs gestes. Une distance s’est créée presque immédiatement entre les individus et le doute de chacun et de chacune envers l’autre et les autres. Des êtres qui se craignent et s’évitent plus qu’ils ne s’étreignent, échangent, festoient, collaborent et travaillent ensemble comme à l’habitude. En ces temps très particulier de crise sanitaire, et face à un confinement qui a touché plusieurs mois durant près de la moitié des habitants de la planète, la question s’est ainsi posée de la place de la création au cœur d’une société paralysée et d’un système économique pour la première fois réellement enrayé depuis l’aprèsguerre. S’il est vrai que les artisans d’art connaissent naturellement par l’essence même de leur travail une certaine forme d’isolement, jamais n’ont-ils vécu une telle distance d’avec leurs pairs, partenaires professionnels et publics. L’arrêt total de toutes formes d’événements, salons ou foires les a privés d’échanges et de dialogues. Les difficultés de déplacements et de transports ont enrayé partiellement, voire totalement, leurs actions et leur production. C’est ainsi tout leur « écosystème » qui a été, et reste encore aujourd’hui, bouleversé, remettant en cause leur existence même, leur création et leurs moyens d’exister. Il est sans doute encore trop tôt pour mesurer les conséquences d’une telle crise sur la création. Peut-être a-t-elle affecté le travail et la capacité de certains, mais aussi pour d’autres a t-elle pu au, contraire, provoquer une pause salutaire et parfois même un véritable renouvellement dans la manière d’aborder leur métier. Les uns se sont murés, refermés sur eux-mêmes par obligation ou résolution, alors que d’autres ont choisi de redoubler d’énergie, préférant se perdre dans l’action, « s’occuper les mains et se changer l’esprit ». Il n’y a pas vraiment de règles en temps de crise que de trouver sa propre voie pour s’en sortir au mieux. Quand certains matériaux sont venus à manquer, il a fallu, pourquoi pas, s’essayer à de nouveaux plus accessibles. Ne plus pouvoir sortir de chez soi a pu impliquer aussi de se réinventer, changer de pratique ou de format pour de simples raisons d’espace. Pourquoi ne pas reprendre le dessin ? Retravailler des œuvres parfois laissées de côté ? Utiliser chutes et rebus ? La création a cette étrange capacité à se mouvoir et se transformer toujours au-delà des contraintes d’espace ou de temps, et les artistes de se reconfigurer en fonction des conditions matérielles du moment Interrogés sur leur relation à la situation exceptionnelle des 18 derniers mois les réponses peuvent surprendre par leurs contrastes et leur diversité. I. sculptrice, confie que l’éloignement d’avec la fonderie, qui réalise ses œuvres en bronze de grand format, l’a poussée à travailler des pièces beaucoup plus petite, voire précieuses, en récupérant des chutes de bois dans l'atelier de son compagnon, lui même artiste. C. s’est senti davantage bloquée par la soudaineté de la pandémie et n’a pu réellement travailler pendant quelques mois. Le cœur n’y était plus, ni la motivation face à l’absence de toute foire ou salon où exposer. W. s’est enfermé dans son atelier pour rattraper le temps perdu et en a profité pour finaliser une commande très importante, même si celle-ci a été reportée en 2022. Dans l’atelier d’un artiste sont partout écrites les tentatives, les expériences, les divinations de la main, les mémoires séculaires d’une race humaine qui n’a pas oublié le privilège de manier. Henri Focillon DE MAINS DE MAÎTRES | 17

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Pour E. le premier confinement fut dédié à la lecture, l’étude et la recherche. Une perturbation dans la production, voire une interruption, mais dans la plupart des cas une saine activation de la réflexion. Autant d’expériences que d’interviewés, sans doute parce que face aux difficultés la création se cache dans d’autres plis du cerveau, et n’a de cesse alors que de se déployer autrement en contournant le geste premier jusqu’à le réinventer. Mais qu’en sera-t-il demain, dans le fameux monde que l’on a dit d’après ? Que va peser cette crise que l’on espère déjà derrière nous dans le domaine de l’artisanat d’art qui a su jusqu’ici résister à tant d’autres révolutions qu’elles soient sociales, techniques ou industrielles ? Pour les anciens, elle met en exergue la fragilité de leur profession, la précarité même de l’indépendance et de l’intégrité exigées par le geste. Pour les nouveaux, elle est peut-être l’opportunité de remettre en question la notion de savoir-faire, celle aussi de la transmission et de la position de l’artisan au cœur de la société. Au tournant du nouveau millénaire est déjà apparue une nouvelle donnée capitale, à travers la dimension écologique qui s’impose aujourd’hui concernant la production d’un objet quel qu’il soit. Ainsi les jeunes créateurs s’appliquent-ils à travailler la matière d’une manière plus responsable et de façon sereine, philosophie à la laquelle il faut ajouter l’avènement des nouvelles technologies telle que l’imprimante 3D, la découpe laser ou la conception par ordinateur. Ces outils, qui font peur autant qu’ils nous séduisent, n’empêchent en rien le travail de la main, les pièces devant être assemblées, ébarbées, polies, décorées… Le fait de faciliter l'accès à créer et produire soi-même ouvre peut-être la voie à une nouvelle génération de « néo-artisans », souhaitonsle tout aussi passionnés que leurs ainés et l’on espère davantage éco responsables. Prenant en compte ces bouleversements annoncés, et afin de mieux aborder cette période de transition, l’association De Mains De Maîtres Luxembourg prépare pour le printemps prochain, dans le cadre de Esch 2022 Capitale Européenne de la Culture, CRAFT 3.0, une grande exposition qui aura pour objectif d’explorer le glissement actuel et à venir des gestes séculaires vers un nouvel artisanat nourri et enrichi des techniques numériques. Il s’agira d’interroger à cette occasion différents acteurs Luxembourgeois et Européens dans les domaines de l’artisanat d’art et des technologies dites additives, afin d’entrevoir le formidable intérêt qu’il peut y avoir demain à faire se rencontrer et combiner savoir-anciens, nouveaux et pourquoi pas futurs … Au-delà de l’éternel débat entre tradition et progrès, pourquoi ne pas penser que les techniques numériques, loin de s’opposer au geste, de le faire disparaître, peuvent s’avérer, bien au contraire et dès aujourd’hui, un formidable moyen de le prolonger, voire de l’augmenter ? L’heure est peut-être venue d’un changement inévitable. Au Grand-Duché comme ailleurs en Europe, l’Artisanat d’Art est indéniablement en train d’évoluer, de transmuter patiemment vers le futur du geste, en s’inscrivant dans une époque qui se veut plus responsable. La crise sanitaire récente a semble-il, comme dans beaucoup d’autres domaines, bousculé l’ordre établi des choses, mais sans pour cela modifier les valeurs fondamentales que sont la passion et l’exigence attachées à tous ces formidables métiers. Peut-être les a-t-elle même mieux préparé à affronter les défis d’aujourd’hui et de demain, en leur permettant d’arrêter un instant le cours du temps comme pour mieux se poser et opérer la transformation indispensable pour faire basculer définitivement l’artisanat d’art dans le XXIème siècle ! Jean-Marc Dimanche Commissaire Général DE MAINS DE MAÎTRES | 19

Les Artistes Luxembourgeois D'Createuren an d'Creatricen zu Lëtzebuerg hate fräi Hand, fir eis ronderëm d'Theema „Viv(r)e la Matière“ mat hirer onwarscheinlecher Kraaft an hirem feste Wëllen, déi natierlech Uerdnung vun de Saachen nei ze gestalten, ëmmer nees op en Neits ze iwwerraschen an eis esou eng besser - well duerch hir Hänn definitiv verschéinert - Welt ze weisen. Vun der Keramik iwwer Steen- oder Holzskulpturen, d'Verschaffe vu Kartrong oder och nach d'Haute Couture, d'Gravur bis bei d'Glas… ronn 70 Kënschtler, déi zu Lëtzebuerg liewen an/oder schaffen, lueden eis an, am 19Liberté eng vergänglech an eemoleg Kollektioun vu seelenen a wäertvollen Objeten ze entdecken. 20 | DE MAINS DE MAÎTRES

Autour du thème « Viv(r)e la Matière », liberté a été donnée à chacun et chacune des créateurs et créatrices du Grand-Duché de nous étonner encore et toujours de leur incroyable pouvoir et de leur détermination à transformer l’ordre naturel des choses pour nous donner à voir un monde meilleur parce qu’au bout de leurs mains résolument plus beau. De la céramique au verre, en passant par la sculpture sur pierre ou sur bois, le travail du carton, ou encore la haute couture, la gravure… près de 70 d’entre eux vivant et/ou travaillant au Luxembourg nous proposent de découvrir au cœur du 19Liberté une éphémère et inédite collection d’objets rares et précieux. Under the theme "Viv(r)e la Matière", freedom was given to each creator of the Grand Duchy to amaze us again and again with their incredible power and determination to transform the natural order of things and to give us a better world because, at the end of their hands, more beautiful. From ceramics to glass, through stone or wood sculpture, cardboard work, haute couture, engraving... nearly 70 of them living and/or working in Luxembourg are offering us the opportunity to discover an ephemeral and unprecedented collection of rare and precious objects in the heart of 19Liberté. DE MAINS DE MAÎTRES | 21

Photo : ©Spuerkeess-Flavie Hengen DRAGON DES NEIGES "OBAN" 2017 Thermoplastique, tissu type sky, plumes naturelles, différentes mousses et rembourrages 210 x 90 cm 22 | DE MAINS DE MAÎTRES

Photo : ©Spuerkeess-Flavie Hengen Silvia ALSINA PALOS D'Silvia Alsina Palos, 1965 zu Barcelona gebuer, ass vu Klengem un enk mat der Konschtwelt verbonnen. Fir d'éischt duerch hir Elteren, passionéiert Reesender a Konschtsammler, déi hir Sensibilitéit u si iwwerdroen hunn, an duerno duerch den Atelier vum Sculpteur Fernando Bach-Esteve, wou si Zeechen-, Mol- a schliisslech Keramikcoursë besicht huet. No hirem Innenarchitekturstudium an zwanzeg Joer an hirer eegener Dekoratiounsfirma decidéiert si, sech dem Konschtmilieu zouzewenden. Duerch hir Erfarung an der Dekoratioun ass si an der Lag, Objeten an harmoneschen Téin a Proportiounen ze schafen, inspiréiert vun der Tribal Art a vun hirem Kontakt mam Mier a mat der Natur. Hir Keramikwierker entstinn duerch ënnerschiddlech Techniken a weisen, dat e Material wéi den Toun onendlech vill Méiglechkeeten ze bidden huet. Am léifsten huet si den Toun a sengem natierlechen Zoustand, nëmme mat Oxiden, Brenntechniken oder Texture verschéinert, fir datt de Charakter erhale bleift. Mat hirer Aarbecht erfuerscht an analyséiert si d'Verbindung tëscht der Form, der Matière an der Essenz vum Liewen. D'Silvia erschaaft mat vill Léift zum Detail a Gedold eenzegaarteg Objeten, woubäi si all Prozess déi néideg Zäit gëtt an hir ganz Séil an all eenzele Géigestand afléisse léisst Silvia Alsina Palos, née à Barcelone en 1965, est plongée dans l’Univers de l’art dès son plus jeune âge. D’abord par l’intermédiaire de ses parents, voyageurs infatigables et collectionneurs d’art, qui lui ont transmis leur sensibilité et ensuite dans l’atelier du sculpteur Fernando Bach-Esteve, où elle a suivi des cours de dessin, peinture et de céramique. Après ses études d’architecture d’intérieur, et vingt ans dans son entreprise de décoration, elle décide de se tourner vers le milieu artistique. Son expérience de la décoration la conduit à créer des objets harmonieux, influencée par l’art tribal, la mer et la nature. À l’aide de différentes techniques, elle crée ses œuvres en céramique et montre certaines des infinies possibilités d'un matériau comme l’argile. Elle aime la terre dans son état naturel, embellie seulement avec des oxydes, enfumages ou textures, afin que le caractère de chaque terre soit visible. Avec son travail, elle expérimente et réfléchit sur le lien entre la forme, la matière et l’essence de ce que la vie représente. Enfin, Silvia crée des objets uniques, élaborés avec soin et patience. Silvia Alsina Palos, born in Barcelona in 1965, was immersed in the world of art from an early age. First through her parents, tireless travelers and art collectors, who passed on their sensitivity, and then in the studio of the sculptor Fernando Bach-Esteve, where she took courses in drawing, painting and ceramics. After studying interior design, and working for twenty years in her own decoration company, she decided to turn to the artistic world. Her experience in decoration led her to create harmonious objects, influenced by tribal art, sea and nature. Using different techniques, she creates her ceramic works and shows some of the infinite possibilities of a material like clay. She loves clay in its natural state, embellished only with oxides, smokes or textures, so that the character of each clay is visible. With her work she experiments and reflects on the link between form, material and the essence of what life represents. Finally, Silvia creates unique objects, elaborated with care and patience. DE MAINS DE MAÎTRES | 23

Photo : ©Gabriela Ciobanu « LES AILES DU TEMPS ET DE LA TERRE » 2021 Chemise avec broderie fait à main en fil de soie et fil métallique sur tissus de chanvre et soie 400 cm 24 | DE MAINS DE MAÎTRES

Stefania ATANASIU Photo : ©Raluca Săvulescu D'Stefania Atanasiu, Broderieskënschtlerin, gouf 1975 zu Bukarest a Rumänie gebuer a lieft zanter 5 Joer zu Lëtzebuerg. Si ass diploméiert am Droit an huet viru 6 Joer, inspiréiert vun den traditionelle rumänesche Blusen, mat der Broderie ugefaangen. Si ass Autodidaktin a Member vun der Associatioun „Semne Cusute“ (Bitzzeechen), mat där si och schonn un internationalen Ausstellungen deelgeholl huet. D'Blusen, déi si kreéiert, stelle virun allem eng ganz eege Sprooch duer, a kombinéiere verschidden al Brodéiertechnike mat Naturfiedem (aus Seid, Léngent, Woll, Hanf a Metallfiedem) op Stëfter, déi och aus der Natur stamen (Hanf, Léngent, Seid), woubäi si Faarwen harmonesch mat traditionelle Motiver kombinéiert. Stefania Atanasiu, artiste brodeuse, née en 1975 à Bucarest (Roumanie), vit au Luxembourg depuis 5 ans. Diplômée en science juridiques, elle a commencé la broderie il y a 6 ans, inspirée par les blouses traditionnelles roumaines. Elle travaille en autodidacte, en tant que membre de l'Association "Semne Cusute" (Signes Cousus), avec laquelle elle a participé à des expositions internationales. Les blouses brodées qu'elle crée représentent, avant tout, un langage particulier en combinant diverses techniques de broderie anciennes, réalisées en fils naturels (de soie, de lin, de laine, de chanvre et fil métallique) sur des tissus également naturels (le chanvre, le lin, la soie) harmonisant couleurs et motifs traditionnels. Stefania Atanasiu, embroidery artist, born in 1975 in Bucharest (Romania), has been living in Luxembourg for 5 years. She has a degree in legal science and started embroidery 6 years ago, inspired by traditional Romanian blouses. She works as a self-taught artist, as a member of the "Semne Cusute" Association (Signes Cousus), with which she has participated in international exhibitions. The embroidered blouses she creates represent, above all, a particular language by combining various ancient embroidery techniques, made of natural threads (silk, linen, wool, hemp and metallic thread) on equally natural fabrics (hemp, linen, silk) harmonizing colours and traditional patterns. DE MAINS DE MAÎTRES | 25

Photo : ©Rol Backendorf L'ENVOL III 2019 Découpe, ponçage et anodisation sur titane 80 x 65 x 0,1 cm 26 | DE MAINS DE MAÎTRES

Rol BACKENDORF Photo : ©Rol Backendorf De Rol Backendorf, 1961 zu Péiteng gebuer, kritt 1979 säin CATP als Eisendréier op der ARBED a schafft duerno bei den CFL. 1988, no 7 Joer als Eisendrechsler an den Ateliere vun den CFL, mécht hie sech selbstänneg a fänkt un, Fantaisiesbijouen ze fabrizéieren. Dat Joer drop mécht hien eng pädagogesch an artistesch Formatioun an der Zirkusschoul zu Bréissel. Mathëllef vun der Chambre des Métiers an dem Kulturministère lount hien en éischten Atelier, fir seng Konschtpassioun als richtegen Autodidakt auszeliewen. Zënter 2010 huet hie säin Atelier op der „Becher Gare“. Andeems hie verschidde Materialie mat Eise kombinéiert, gëtt de Rol dem Eisen eng Charakteristik, déi em feelt: d‘Liichtegkeet. Hie konzentréiert seng Recherche op déi kinetesch Effekter vum Inox a schafft eng Schläiftechnik aus, fir Mauerskulpture mat illusionisteschen an dräidimensionalen Effekter ze schafen. Hien entdeckt an entwéckelt d‘Anodiséierung op Titan weider, fir Faarf dobäizeginn, soudass seng Wierker sech jee no Luucht a jee nom Point-de-vue vum Spectateur verwandele kënnen. Rol Backendorf, né en 1961 à Pétange, obtient son CAPT de tourneur sur fer au sein de l‘ARBED en 1979. En 1988, après 7 années de travail comme tourneur sur fer aux ateliers des CFL, il se lance comme indépendant dans la création de faux bijoux. Il suit, l’année suivante, une formation pédagogique et artistique à l’école de cirque à Bruxelles. Grâce à la Chambre des Métiers et au Ministère de la Culture, il loue un premier atelier pour vivre sa passion de l’art en véritable autodidacte. Depuis 2010 il a son atelier à la « Becher Gare ». En combinant différents matériaux avec le fer, Rol lui confère sa caractéristique manquante, la légèreté. Il consacre ses recherches sur les effets cinétiques de l’acier inox et élabore une technique de ponçage minutieuse pour créer des sculptures murales à effets illusionnistes et tridimensionnels. Il découvre et développe l’anodisation sur titane pour ajouter de la couleur et donner à ses œuvres le pouvoir de se métamorphoser selon la lumière et le point de vue du spectateur. Rol Backendorf est vice-président de ARC Kenschtlerkrees asbl, administrateur de VIART asbl et spécialiste au lycée Ermesinde depuis 2010. Rol Backendorf, born in 1961 in Pétange, obtained his CAPT in iron-turner at the ARBED in 1979. In 1988, after 7 years of work as an iron turner in the CFL workshops, he sets up his own business and started with the fabrication of false jewellery articles. He undertook, the following year, an educational and artistic training at the Ecole du Cirque in Brussels. Thanks to the Chamber of trades and Ministry of Culture, he rented a first workshop to live out of his art passion as real autodidact. Since 2010, he has his workshop at the “Becher Station”. By combining different materials with iron, Rol imparts his missing characteristic, the lightness. He dedicates his research to the kinetic effects of the stainless steel and elaborates a meticulous sanding technique to create mural sculpture with illusionist and three- dimensional effects. He discovers and develops the anodising on titanium to add colours and give to his pieces the power to metamorphose according to light and to the point of view of the public. Rol Backendorf is vice-president of ARC Kenschtlerkrees vzw, administrator of VIART vzw and specialist at the Ermesinde high school since 2010. DE MAINS DE MAÎTRES | 27

Photo : ©Zaiga Baiza MENSCH ARGERE DICH NICHT. T'EN FAIS PAS 2021 Figurines - pâte de verre, base - verre sablé, peint 100 x 160 x 160 cm 28 | DE MAINS DE MAÎTRES

Photo : ©Robert Emeringer Zaiga BAIZA D'Zaiga Baiža, 1964 zu Riga a Lettland gebuer, lieft zënter 20 Joer zu Lëtzebuerg. An hirem Atelier zu Aasselbuer schafft si mam Lëtzebuerger Artist Robert Emeringer fir ëffentlech Optreeg an d'Restauratioun vu gliesenen Objeten a Fënsteren. D'Zaiga huet Skulptur, Molerei a Glasdesign studéiert an huet e Master an der Konscht vun der Konschtakademie vu Lettland. Fir déi verschidden Techniken ze entdecken, war si op der Konschtakademie vu Lviv an der Ukraine an op der Experimental Glass Factory Lviv. Zënter 2006 organiséiert si de Festival International du Verre zu Lëtzebuerg grad wéi divers aner international Ausstellungen. D'Zaiga sculptéiert gär d'Glas, duerchsiichteg, hell, schwéier an awer sou liicht, lëfteg a magesch. Hir Kreatiounen entstinn aus verschiddenen Techniken wéi Glaspast, Thermoformung, Gravure, Molerei a Glasgéissen. Si kombinéiert besonnesch gär d'Glas mat anere Matièrë wéi Metall, Steen oder Keramik an engem aussergewéinlechen, bal feeënhaften Zesummespill, dat déi verrécksten Expressiounen erlaabt, dat d'Dieren opmécht fir déi fantasievollst Dreem an dat méiglech an onméiglech Kombinatiounen erlaabt. Zaiga Baiža, née en 1964 à Riga (Lettonie), vit au Luxembourg depuis 20 ans. Depuis son atelier à Asselborn, elle travaille avec l’artiste luxembourgeois Robert Emeringer pour des commissions publiques et la restauration d’objets en verre et en vitraux. Zaiga a étudié la sculpture, la peinture et le design du verre et obtenu un Master en Arts de l’Académie d’Art de Lettonie. Pour découvrir différentes techniques, elle a séjourné à l’Académie d’Art de Lviv (Ukraine) et à l’Experimental Glass Factory Lviv. Depuis 2006, elle organise le Festival International du Verre à Luxembourg ainsi que diverses expositions internationales. Zaiga aime sculpter le verre, transparent, lumineux, lourd et pourtant si léger, aérien, et magique. Ses créations sont issues de différentes techniques, comme la pâte de verre, le thermoformage, la gravure, la peinture et couler le verre. Elle apprécie particulièrement combiner le verre avec diverses matières tel le métal, la pierre ou la céramique dans un jeu d’assemblages étranges et féeriques, permettant les expressions les plus folles, ouvrant les portes aux rêves les plus fantaisistes, et offrant toutes les combinaisons possibles et impossibles. Zaiga Baiža, born in Riga (Latvia) in 1964, has been living in Luxembourg for 20 years. From her workshop in Asselborn, she works with Luxembourg artist Robert Emeringer for public commissions and the restoration of glass and stained glass objects. Zaiga studied sculpture, painting and glass design and obtained a Master of Arts degree from the Latvian Art Academy. To discover different techniques, she attended the Lviv Art Academy (Ukraine) and Experimental Glass Factory Lviv. Since 2006, she has been organizing the International Glass Festival in Luxembourg as well as various international exhibitions. Zaiga loves to carve glass, transparent, bright, heavy and yet so light, airy, and magical. Her creations come from different techniques, such as glass paste, thermoforming, engraving, painting and pouring glass. She particularly enjoys combining glass with various materials such as metal, stone or ceramics in a set of strange and magical assemblies, allowing the craziest expressions, opening the doors to the most whimsical dreams, and offering all possible and impossible combinations. DE MAINS DE MAÎTRES | 29

Photo : ©Luc Ewen RENAISSANCE (Part3) 2020 Grès, pigment Travail à l’aiguille 20 x 13 x 13 cm 30 | DE MAINS DE MAÎTRES

Doris BECKER Photo : ©Luc Braconnier D'Doris Becker ass zu Lëtzebuerg gebuer, si lieft a schafft zu Fëschbech (LU). Si huet op verschiddene Schoulen an Akademien zu Lëtzebuerg, an der Belsch an an Däischland studéiert an do och spezialiséiert Stagë gemaach. Zënter 2006 hëlt si reegelméisseg un internationalen Ausstellungen a Concourse grad wéi un internationale Symposien deel. Fir hir Aarbecht krut si schonn eng Partie Präisser; et fënnt ee se an diverse Sammlungen a Publikatiounen. D'Thema vun hirer aktueller Aarbecht: "Origins" … d'Ee, dat een a verschiddene Mythologië fënnt, gëllt als den Ursprong vum Universum… Symbol vun der Kreatioun, der Produktivitéit, der Reproduktioun, vun der Gebuert a vum neie Liewen. Déi gemeesselt Verzierungen, mat der Nol verschafft oder an d'Matière geformt, verschéineren d'Wierker wéi dekorativ Elementer, mee erzielen och eppes vun der Geschicht, der Kultur, den Traditiounen an der Schéinheet. Doris Becker, née à Luxembourg, vit et travaille à Fischbach (LU). Elle a poursuivi des études dans plusieurs écoles et académies au Luxembourg, en Belgique et en Allemagne, suivi par des stages spécialisés. Depuis 2006, elle participe régulièrement à des expositions internationales ainsi qu'à des concours, et prend part à des symposiums internationaux. Son travail a reçu plusieurs prix, est intégré dans divers collections et fait l'objet de publications. Le thème de son travail actuel: "Origins"... l'oeuf, présent dans diverses mythologies et considéré comme la source de l'univers ... symbole de création, productivité, reproduction, naissance et de nouvelle vie. Les ornements ciselés, travaillés à l'aiguille ou formés dans la matière, s'ajoutent comme des éléments décoratifs, qui viennent embellir les oeuvres, mais parlent aussi d'histoire, de culture, de traditions et de beauté Doris Becker, born in Luxembourg, lives and works in Fischbach (LU). She pursued studies in several schools and academies in Luxembourg, Belgium and Germany, followed by specialized courses. Since 2006, she regularly participates in international exhibitions, competitions and international symposiums. Her work has received several awards, is integrated into various collections and is the subject of publications. The theme of her current work: "Origins" ... the egg, present in various mythologies and considered as the source of the universe ... symbol of creation, productivity, reproduction, birth and new life. Chiseled ornaments, worked with needle or formed in the material, are added as decorative elements, which come to embellish the works, but also speak of history, culture, traditions and beauty. DE MAINS DE MAÎTRES | 31

Photo : ©Spuerkeess-Flavie Hengen DEUX SENTINELLES 2018 Orme 225 x 130 x 9 cm 32 | DE MAINS DE MAÎTRES

Pitt BRANDENBURGER Photo : ©Spuerkeess-Flavie Hengen De Pitt Brandenburger gouf 1961 zu Esch/Uelzecht gebuer. Vu Klengem un ass hie vun der Natur faszinéiert. Verstäerkt gouf dës Passioun duerch déi laang Wanderunge mat sengem Papp, dee mat Leif a Séil Gäertner war a säin onerschöpflecht Wëssen iwwer Planzen an Déieren u säi Brudder (haut Horticulteur) an un hie weiderginn huet. „Ech houng u senge Lëpsen, wann hie vun Hecken oder Beem geschwat huet.“ Dës Begeeschterung huet ni ofgeholl - ganz am Géigendeel. Et ass deemno net verwonnerlech, datt de Pitt d'Holz als Material fir seng artistesch Kreatiounen erausgesicht huet, déi och deelweis vu senge véier Joer Studien an der plastescher an an der dekorativer Konscht zu Stroossbuerg gepräägt sinn. Dëse Wonsch, ze kreéieren a säin Knowhow weiderzeginn, huet hien drësseg Joer laang a sengem Beruff als Professer fir Konscht am Lycée des Arts et Métiers an am Lycée Aline Mayrisch begleet. Haut ass hie pensionéiert a ka sech deemno nach méi intensiv op seng Wierker konzentréieren, déi dacks un anthropomorph Tabernakele voller anticker Symboler a Mystik erënneren. Pitt Brandenburger est né en 1961 à Esch/Alzette. Depuis son plus jeune âge, il est fasciné par la nature. Cet attrait a été nourri par de longues randonnées avec son père, jardinier, qui transmettait son savoir inépuisable sur les plantes et les animaux à son frère (aujourd’hui horticulteur) et lui. « Quand il parlait d’arbustes ou d’arbres, j’étais suspendu à ses lèvres. » Cet enthousiasme n’a jamais faibli, bien au contraire. Il n’est donc pas étonnant que Pitt ait choisi le bois comme matière pour ses créations artistiques, marquées partiellement par ses quatre années d’études en Arts Plastiques et aux Arts Décoratifs à Strasbourg. Cette envie de créer et de transmettre son savoirfaire l’a accompagné pendant trente ans lors de sa fonction de professeur d’éducation artistique au Lycée des Arts et Métiers et au Lycée Aline Mayrisch. Aujourd’hui sa retraite lui permet de se consacrer encore plus intensivement à ses œuvres, souvent tabernacles anthropomorphes, plein de symboles anciens et de mysticisme. Pitt Brandenburger was born in 1961 in Esch/Alzette. From an early age, he was fascinated by nature. This attraction was nurtured by long walks with his father, a gardener, who passed on his inexhaustible knowledge of plants and animals to his brother (now a horticulturist) and him. "When he talked about shrubs or trees, I was hang on his every word.” This enthusiasm never faded, quite the contrary. It is therefore not surprising that Pitt chose wood as the material for his artistic creations, partly marked by his four years of study in Plastic Arts and Decorative Arts in Strasbourg. This desire to create and to pass on his know-how accompanied him for thirty years as a teacher of art education at the Lycée des Arts et Métiers and the Lycée Aline Mayrisch. Today his retirement allows him to concentrate even more intensively on his works, often anthropomorphic tabernacles, full of ancient symbols and mysticism. DE MAINS DE MAÎTRES | 33

Photo : ©Jeanette Bremin PSAMANTHE, 2019 Broderie avec des fils de lin et de coton sur toile peinte à l'acrylique 85 x 145 cm 34 | DE MAINS DE MAÎTRES

Jeanette BREMIN Photo : ©Tomas Bremin D'Jeanette Bremin, 1962 a Schwede gebuer, wunnt zanter 30 Joer zu Lëtzebuerg a schafft hei als fräischaffend Kënschtlerin. Si huet a Schwede Konscht a Wëssenschaft an Art-Nude-Still Life, an zu Los Angeles op der UCLA Innenarchitektur an Ëmweltdesign studéiert. Beim Lily Weisgerber huet si Wiefcoursen a beim Atelier Empreinte zu Lëtzebuerg Coursen an der Drocktechnik besicht a sech un der Alanus-Héichschoul fir Konscht a Gesellschaft zu Alfter an Däitschland fortgebilt. Si ass d'Grënnerin an d'Initiatorin vu Semaphore Art Studios zu Éiter, Lëtzebuerg, wou sech och hiren Atelier befënnt. D'Jeanette schafft mat Ueleg- an Acrylfaarwen, Stéckereien op Stoff a Pabeier, Hannerglasmolerei, Pabeierkonstruktiounen, Mëschtechniken an Installatiounen. Si gouf fir hir Eenzelausstellungen „The Little Book of Pain“ an „Farben+Textil+Musik+Tanzen+Wein = Gold!!!“ ausgezeechent a war 2018 fir den Humanity in Art Award zu Mailand (Italien) nominéiert. -Iwwer de Prozess vum kënschtleresche Schafe wëll ech déi subjektiv Gefiller duerstellen, déi bei mir duerch Evenementer a verschidde Materialien entstinn, andeem ech tëschent organesche Formen an exakten, rouege Linnen ofwiesselen. Jeanette Bremin, née en Suède en 1962, vit au Luxembourg depuis 30 ans et y travaille en tant qu'artiste indépendante. Elle a étudié l'Art, la Science et l'Art-Nude-Still Life en Suède, l'architecture d'intérieur et le design environnemental à UCLA à Los Angeles, suivi des cours de tissage avec Lily Weisgerber et des cours d'impression à l'Atelier Empreinte au Luxembourg et une formation avancée à Alanus College for Art and Society à Alfter, en Allemagne. Elle est la fondatrice et l'initiatrice de Semaphore Art Studios à Oetrange, Luxembourg, où se trouve son atelier. Jeanette travaille avec de la peinture à l'huile et acrylique, de la broderie sur tissu et papier, de la peinture sur verre inversé, de la construction en papier, des techniques mixtes et des installations. Elle a été récompensée pour son exposition solo Le petit livre de la douleur et Couleurs+Textile+Musique+Danse+Vin = Or ! !! et nommée pour le prix Humanity in Art Award 2018 à Milan, Italie. À travers le processus de création artistique, elle aspire à dépeindre les sentiments subjectifs qu’elle tire des événements et des différents matériaux, en alternant entre formes organiques et lignes géométriques. Jeanette Bremin, born in Sweden in 1962, have been living in Luxembourg for 30 years and works there as an independent artist. She studied Art, Science and Art-Nude-Still Life in Sweden, Interior Architecture and Environmental Design at UCLA in Los Angeles, Weaving courses with Lily Weisgerber and Printing courses at Atelier Empreinte in Luxembourg and Advanced Education at Alanus College for Art and Society in Alfter, Germany. She is the founder and initiator of Semaphore Art Studios in Oetrange, Luxembourg, where her studio is located. Jeanette works with oil and acrylic paint, embroidery on fabric and paper, reverse glass painting, paper construction, mixed media and installations. She was awarded for her solo exhibition The Little Book of Pain and Colours+Textile+Music+Dancing+Wine = Gold!!! and nominated for the Humanity in Art Award 2018 in Milan, Italy. -Through the process of making art, she aspires to portray the subjective feelings she gains from events and different material, in alternating between organic forms to exact calm lines. DE MAINS DE MAÎTRES | 35

Photo : ©Jean-Pierre Ruelle LES LOTUS BLEUS 2021 Mini-paravent Aquarelle et médium sur papier ciré Cadre en cèdre 74 x 66 cm 36 | DE MAINS DE MAÎTRES

Photo : ©Vincent Flamion Photography Marie-Isabelle CALLIER Gebuer den 18. Juni 1970. Belsch a Lëtzebuergerin. No engem Graduat an der Illustratioun op der Saint Luc zu Bréissel am Joer 1991 kritt d'Marie-Isabelle Callier den éischte Präis bei engem Concours fir Novellen an Illustratiounen (Troisième Phase, FNAC, Bréissel). Sie schafft 12 Joer als Infographiste an Illustratorin an der Publicitéit. Duerno widmet si sech der Jugendliteratur an der Molerei. Als Illustratorin an Autorin ass si vu verschiddenen Editiounshaiser publizéiert ginn an huet eng zéng Bicher realiséiert, dovun zu Lëtzebuerg: „Le trésor de Lucilinburhuc“ an „Wichapi“ bei den Éditions Schortgen; „Eng Hand voll Gléck“ bei den Editions Bicherhaischen (Text vum M. Horsmans); „Mystères aux Musées“ fir d'Amis des Musées Luxembourg an „Une petite catastrophe“ bei PersPektiv Éditions. Sie huet och déi zwee Timberen „Edition spéciale Noël 2020“ fir Post Luxembourg entworf. Hir Molereiwierker a Paravente goufen zu Bréissel, Lëtzebuerg, Washington, Shanghai, Singapur a kierzlech zu Paräis ausgestallt. Si lieft a schafft zu Lëtzebuerg. Née le 18 juin 1970. Belge et Luxembourgeoise. Après un Graduat en Illustration à St-Luc à Bruxelles en 1991, Marie-Isabelle Callier obtient le premier prix à un concours de nouvelles et illustrations (Troisième Phase, FNAC, Bruxelles.) Elle travaille pendant 12 ans comme info graphiste et illustratrice publicitaire. Ensuite elle se consacre au livre jeunesse et à la peinture. Illustratrice et auteure, Marie-Isabelle a été publiée par différentes maisons d’édition, réalisant plus d’une dizaine de livres dont, au Luxembourg : « Le trésor de Lucilinburhuc » et « Wichapi » aux Éditions Schortgen ; « Eng Hand voll Gléck » aux Editions Bicherhaischen (texte M.Horsmans) ; « Mystères aux Musées » pour les Amis des Musées Luxembourg et « Une petite catastrophe » chez PersPektiv Éditions. Elle a aussi créé les deux timbres Edition spéciale « Noël 2020 » pour Post Luxembourg. Peintre, ses oeuvres picturales et paravents ont été exposés à Bruxelles, Luxembourg, Washington, Shanghai, Singapour et tout récemment Paris. Elle vit et travaille au Luxembourg. Born on June 18th, 1970. Belgian and Luxembourger. After a degree in Illustration at St-Luc in Brussels in 1991, Marie-Isabelle Callier won first prize in a short story and illustration competition (Troisième Phase, FNAC, Brussels). She worked for 12 years as an info graphic designer and and advertising illustrator. She then devoted herself to children's books and painting. Illustrator and author, she has been published by various publishing houses. She has published more than ten books, including "Le trésor de Lucilinburhuc" and "Wichapi", published in Luxembourg by "Wichapi" published by Schortgen; "Eng Hand voll Gléck" published by Bicherhaischen (text by M. Horsmans); "Mysteries in the Museums" for the Friends of the Luxembourg Museums and "Une petite catastrophe" for PersPektiv Editions. She also created the two special edition stamps for Post Luxembourg. As a painter, her paintings and screens have been exhibited in Brussels, Luxembourg, Washington, Shanghai, Singapore and recently Paris. She lives and works in Luxembourg. DE MAINS DE MAÎTRES | 37

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